Retour sur la grammaire scolaire
Bruxelles
31 aout-2 septembre 2023
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Le discours grammatical scolaire a été élaboré à partir de l’observation de l’écrit et d’une visée essentiellement orthographique de la pédagogie du français (Chervel 1977). Le poids de cet écrit se fait encore sentir aujourd’hui, eu égard à la place laissée à l’enseignement des orthographes grammaticale et d’usage. La grammaire dite – toujours après plus de 50 ans maintenant – « rénovée », qui s’est développée à partir notamment du Plan Rouchette de 1970, a sonné le glas du sens et du notionnel pour, par un effet de balancier historiquement déjà observé en matière de grammaire, basculer vers le tout morphosyntaxique, sans référence à la signification. Sous l’influence attractive de la linguistique américaine, fruit d’une hybridation entre grammaires distributionnelle et transformationnelle, la proposition du Plan de rénovation de l’enseignement du français à l’école élémentaire instillait une perspective essentiellement mécaniste, faite de décomposition en constituants, de transformations de phrases de base et de manipulations syntaxiques. Le recours au sens et à la signification semble banni, qui a tant indisposé les enseignants en ne leur permettant pas de constituer des natures et fonctions clairement définies et délimitées : la rigueur scientifique n’avait en effet pas toujours présidé à leur élaboration. Avec la Rénovation, l’observation mécaniste et les manipulations syntaxiques allaient restaurer un peu de la scientificité sacrifiée auparavant. Développée, à des degrés divers d’intensité selon les pays, d’abord en France, puis en Suisse et en Belgique dans les années 80, avant enfin le Québec, plus récemment, cette approche s’est installée dans les textes officiels et institutionnels, référentiels, programmes et autres codes de terminologie. Qu’en est-il plus de cinquante ans après le Plan ? Où en sommes-nous des améliorations tant attendues des performances des élèves ?