Notions en questions - Mobilités
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Ce numéro de revue fait suite à une journée d’études de l’Association des chercheurs et enseignants didacticiens des langues étrangères (Acedle) intitulée Notions en questions en didactiques des langues et qui portait sur le thème les mobilités. Cette journée d’étude, organisée le 26 janvier 2018 conjointement par l’Acedle et l’équipe Parole et Discours : fonctionnement/dysfonctionnement et appropriation de Praxiling de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 a exploré la notion de mobilités dans ses relations à la didactique des langues étrangères, domaine des sciences du langage, à la croisée de domaine de recherche connexes.
Cette exploration s’est consacrée aux enjeux liés aux catégorisations des mobilités et à leur pertinence pour la didactique des langues et des cultures (dorénavant DDLC). On s’est intéressé notamment aux statuts des personnes en mobilité (migrants, réfugiés, mineurs isolés, étudiants en mobilité, etc.) et aux éléments qui ont été retenus comme signifiants pour la DDLC (contextes d’enseignement, profils d’apprentissage, par exemple). Ces apports ont permis d’interroger les besoins et les projets des apprenants sur le plan de l’appropriation des langues, mais aussi les compétences liées aux mobilités et à leur valorisation. Face à ces mobilités, les enseignants également opèrent des déplacements physiques, symboliques et pédagogiques pour enseigner les langues et rencontrer leurs publics divers. A ainsi été posée la question des compétences à développer chez les enseignants de langue(s) pour faire face à / tirer parti de ces mobilités (les leurs et celles de leurs apprenants), et par conséquent, celle des modalités de formation de ces (futurs) enseignants.
Inscrit dans la tradition des Notions en Question, ce numéro s’organise autour de l’intervention d’un chercheur spécialiste du domaine à laquelle un autre chercheur réagit brièvement, à partir de ses propres travaux et réflexions. Les thématiques abordées ont été les suivantes :
Enjeux des catégorisations et appropriation des langues
Les enjeux de catégorisations sont très importants pour les apprenants et les enseignants, façons de percevoir l’autre d’une façon plus ou moins réductrice. La notion de mobilité, au regard d’autres notions telles que celles de migration par exemple, permet une décentration pertinente. En effet, si les approches sociologiques des processus de mobilités renseignent sur les critères et les modalités explicatives de ces déplacements et proposent des typologies des mobilités, elles constituent surtout pour la DDLC un appui pour réfléchir et définir des critères pertinents pour les enseignements-apprentissages des/en langues. Par ailleurs, le statut de la mobilité (entrante, sortante, volontaire, forcée, organisée, spontanée, etc.) des apprenants est devenu signifiant pour la DDLC, notamment sous la forme de didactiques dites spécialisées – langue étrangère/seconde/sur objectif spécifique/d’inclusion/de scolarisation – qui méritent d’être réinterrogées quant aux modalités d’appropriation des langues. Par exemple, le répertoire plurilingue des apprenants implique-t-il une appropriation « plurielle » des langues ? Quels besoins / projets identifier chez les apprenants mobiles, entre représentations et expériences de la diversité ?
Enjeux de reconnaissance et de valorisation des mobilités
L’identification et la valorisation de compétences envisagées comme propres à la mobilité, mais aussi, inversement, la dévalorisation de l’immobilité et de comportements sédentaires sont à questionner. C’est dans ce cadre qu’ont été évoqués :
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les conditions de possibilité et les modalités d’articulation des besoins des apprenants et des enseignants avec d’une part différents outils-cadres utilisés actuellement en DDLC (CECRL, référentiels, portfolios, etc.), notamment en matière d’évaluation et, d’autre part des programmes de mobilités, physiques ou virtuelles, proposés aux enseignants et apprenants de langues,
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les niveaux et contenus de formation à identifier, la prise en compte des imaginaires, des émotions, des dimensions sensibles dans ces processus (réflexion collaborative, auto/hétéro analyse des pratiques)
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les mobilités symboliques (réflexivité, rapport à l’altérité, trans-formation) et les moyens (décentration, journaux de bord, biographie langagière) utilisés pour y parvenir ;
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les aspects numériques et leurs conséquences sur la reconnaissance ou pas des compétences déjà-là et en devenir des apprenants.
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