Recherches n° 64
Juin 2016
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Six ans ont passé depuis le n° 52 Programmes, programmations et sa jungle des dispositifs. À l’époque, la rédaction avait tenté de se frayer un chemin parmi les textes règlementaires présentant l’aide personnalisée, le DRE, l’école ouverte, l’ENT, le PPRE… Au moment de préparer le présent numéro, la question des dispositifs institutionnels s’est posée de nouveau car nombre d’entre eux ont pour vocation d’aider les élèves. La plupart existent toujours, d’autres sont apparus, renforçant l’injonction déjà forte d’une prise en charge de plus en plus personnalisée et externalisée des handicaps et/ou des difficultés dans une logique de surenchère teintée de libéralisme. Ces dispositifs peuvent constituer de véritables aides mais à condition qu’ils soient réellement pensés dans la logique du métier et que cette hyperdifférenciation ne devienne pas violente et contreproductive tant pour l’enseignant que pour l’élève.
Or la multiplicité actuelle de ces dispositifs brouille et complique la vision du métier de professeur de français. À cela s’ajoute parfois le sentiment que l’institution ne fait plus confiance aux enseignants, qu’ils deviennent de simples exécutants des programmes, des dispositifs parachutés dans et hors la classe. Le professeur peut avoir l’impression qu’on le prive de sa nécessaire réflexion didactique quand il s’agit d’aider les élèves.
L’aide est une dimension constitutive du métier d’enseignant : enseigner, c’est aider à apprendre. Pour aider, l’enseignant est tantôt dans l’anticipation, tantôt dans l’immédiateté : en amont du cours, il identifie ce qui peut faire obstacle aux apprentissages et imagine des facilitations ; au quotidien, dans les interactions avec les élèves, il réagit, reconstruit, adapte ses démarches. Mais « aider » est aussi un mot d’ordre institutionnel, qui se traduit par la mise en place de dispositifs multiples dont la pertinence ne va pas de soi. À travers des situations concrètes, les articles parcourent ces différentes dimensions de l’aide, pour comprendre ce qui permet la construction de cette professionnalité et ce qui la freine.
Sommaire
La prescription institutionnelle de l’aide : mots d’ordre et désordres
Marie-Michèle Cauterman, Bertrand DaunayLa prescription institutionnelle de l’aide en fiches
La rédactionAider : récit d’une journée ordinaire
Stéphanie Michieletto-VanlanckerQuelles médiations pour accompagner la construction de la littéracie en première année d’université ?
Catherine Frier, Isabelle Estève, Alain ChartierLes ressources numériques et la littérature en classe : entre ambitions présomptueuses et adaptation aux besoins
Magali Brunel, François QuetDe l’aide spécialisée… pour tous
Sophie DziombowskiAider les élèves de GS ou de CP à comprendre des histoires, oui mais comment ?
Marie-France Bishop, Véronique BoironAider des lecteurs débutants à la lecture collective d’un album
Michèle Lusetti« En fait, vous voulez nous aider ? »
Olivier MarkwitzAider les enseignants à cerner les besoins grammaticaux des élèves : le projet Scolagram
Jean-Pierre SautotDes vertus de l’écart
Malik HabiDes nouvelles du livre pour la jeunesse : encore adolescents, déjà parents…
Élizabeth Vlieghe