Pour célébrer ses 20 ans, Recherches publiait, en 2004, un numéro intitulé « Innover ». L’éditorial rappelait alors la place centrale, dans l’histoire de la revue, de « l’enseignant concepteur » qui innove « pour garder un regard critique sur l’évolution du système, une préoccupation particulière et générale pour ceux, élèves et parents, dont l’intérêt ne cesse jamais d’être au cœur des dispositifs d’apprentissage, en dépit des réformes et des discours officiels ». Il réaffirmait avec force que l’innovation était inhérente au métier et qu’il était prudent d’examiner la pertinence et le degré d’acceptabilité des innovations prescrites par une institution prompte aux rénovations de façade. Depuis lors, réformes et prescriptions ont continué à se succéder à un rythme tel que leur mise en place et leur appropriation, qui nécessitent un temps long, sont souvent vouées à l’échec. À cela s’ajoute l’absence d’évaluation effective et nuancée, faute de temps là encore, mais aussi de volonté politique : une telle analyse risquerait de mettre à mal la vénération du « neuf » face à la complexité des pratiques réelles et des apprentissages en jeu.